Lors de la visite ad limina des évêques de France en octobre dernier, le Pape François a évoqué deux dangers pour la société et l’Eglise aujourd’hui : la souveraineté du moi au détriment du don de Dieu et les structures de pensées idéologiques. Ceux-ci se manifestent, nous disait-il, dans de nombreux domaines, et particulièrement dans l’éducation scolaire.
En ce temps de l’Avent, nous pouvons particulièrement prier l’Angelus par lequel la Vierge Marie nous éduque à l’accueil de Dieu dans nos vies. Elle nous indique que c’est auprès de lui seul que l’on grandit dans l’estime de soi. La confiance en son amour, nous permet ainsi de mener notre existence dans un esprit de service qui conduit vers la joie du ciel, notre vraie patrie.
« L’ange du Seigneur porta l’annonce à Marie et elle conçut du Saint-Esprit »
La démarche de l’ange à la rencontre de la Vierge Marie manifeste l’immense amour de Dieu pour chaque personne. Quand il la salue en disant : « Réjouis-toi pleine de grâce, le Seigneur est avec toi », il reprend les prophéties de Sophonie et de Joël : « Fille de Sion, réjouis-toi car le Seigneur est en toi en vaillant sauveur ». Cette salutation exprime toute l’attente du peuple de l’Ancienne Alliance. Bien plus, le titre « pleine de grâce » est le nom nouveau que Dieu donne à Marie pour signifier que les promesses s’accomplissent, que le salut est donné. A travers Marie, cette salutation nous est également destinée puisque nous-mêmes par le baptême, nous sommes comblés de grâce en étant libérés du péché et greffés sur la vie de Jésus ressuscité. La Vierge Marie à l’Annonciation nous révèle ainsi l’amour de Dieu comme le socle sur lequel nous pouvons cultiver l’estime de nous-même et bâtir notre vie.
« Voici la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon ta parole »
L’Ange Gabriel révèle les grands projets que Dieu désire voir se réaliser en la Vierge Marie. Et celle-ci, en entendant ces paroles déroutantes, les accueille avec simplicité et humilité. Elle osera l’affirmer dans sa louange : « Mon âme exalte le Seigneur... parce qu’il a porté son regard sur son humble servante ». Le titre de servante que Marie s’attribue, reflète sa disponibilité à la mission que Dieu lui confie et rappelle que tout choix n’est porteur de vie et de joie que s’il est posé sous le regard de Dieu et dans un esprit de service.
Après le « oui » de l’Annonciation, les difficultés ne manqueront pas. Marie devra faire face au questionnement de Joseph, son fiancé, à la naissance du Christ dans le dénuement de la crèche, et encore au massacre des enfants par Hérode. Au pied de la croix, on peut mesurer le cheminement de foi de Marie. C’est là qu’elle est pleinement consacrée servante du Seigneur, qu’elle est toute donnée à Lui. A la mort du Christ quand « il remet son esprit », l’Esprit-Saint ; elle est ainsi la première avec l’apôtre Jean à accueillir le don de la vie nouvelle.
« Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous »
La prière de l’Angelus éduque à l’espérance chrétienne qui témoigne de la victoire de la vie sur le mal et la mort. Si Dieu en effet a accepté de nous rejoindre, en étant conçu comme tout homme dans le sein d’une femme, c’est que toute personne est sacrée, même la plus insignifiante aux yeux des hommes.
Le respect absolu de la personne humaine, de sa conception jusqu’à sa mort, n’est pas une option morale de l’Eglise catholique, mais une nécessité qui découle de la foi au Christ. Encore dans le sein de sa mère Elisabeth, saint Jean-Baptiste tressaille de joie à la Visitation, et permet à sa mère de bénir la Vierge Marie et Jésus, le fruit de ses entrailles. L’éducation n’est vraiment fidèle à sa mission que si elle sait éclairer les consciences et fortifier les cœurs à la lumière de cette espérance en Dieu qui veut sauver tout l’homme et tous les hommes.
L’Angelus pourrait être la prière pour soutenir le projet du pacte éducatif proposé par notre Pape. A travers les trois versets bibliques, la Vierge Marie nous invite à nous appuyer fermement sur l’amour de Dieu qui s’est fait chair et à nous laisser éduquer par lui. Elle nous partage la joie d’être servante de Dieu et témoin de son espérance
L’Angelus se conclut ainsi par cette demande : « Que ta grâce, Seigneur notre Père, se répande en nos cœurs : par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’incarnation de ton Fils bien-aimé, conduis-nous par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection ».
+ Vincent Dollmann
Archevêque de Cambrai
Webinaire 10 décembre 2021 de l'UMEC : Union Mondiale des Enseignants Catholiques
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