La dixième rencontre de notre Evêque avec les acteurs de la solidarité durant sa visite pastorale s’est faite ce vendredi 27 août à Bermeries avec l’association Terre de sens. Village du Bavaisis rural, mais aussi un vrai voyage par les idées et les expériences découvertes ! comme si nous nous étions déplacés à l’autre bout du monde pour mieux revenir chez soi, enrichis de beaucoup d’enthousiasme et d’idées. Oui c’est possible de réaliser des projets ensemble, c’est possible de permettre à beaucoup de retrouver des choses simples, la rencontre, les bons produits, une économie au service de l’humain et de tous.
C’est vendredi ; et nous sommes accueillis ce jour-là au moment où les « amapiens » viennent retirer les produits. Ça fait du monde dans la cour de la ferme ! Simon, Matthieu, Francis, Monique nous accueillent chez eux, mais aussi des membres du Conseil d’administration, ainsi que celles et ceux qui sont membres de l’AMAP (zéro gaspillage, garantie de salaire pour ceux qui cultivent, bons produits) et beaucoup d’autres qui coopèrent aux différents projets. Mais l’un des objectifs premiers est avant tout de créer du lien. La rencontre autour des légumes de l’AMAP est justement un moyen de se voir souvent ! Beaucoup d’autres initiatives; la fête villageoise organisée une fois par an pour davantage de vie dans le village; vivre un chantier ensemble une fois par mois et manger ensemble ensuite à 13h (sorte de fête de la moisson ; le woofing pour accueillir des personnes extérieures qui cherchent des orientations professionnelles et de vie (elles logent sur place et s’engagent à travailler sur le site 4 heures par jour) ; accueil aussi ide nombreux camps (scouts) et de groupes (Solidarité quartier notamment, migrants, détenus, et autres).
Quentin raconte son parcours ; il travaillait dans l’informatique, il est venu pour vivre autre chose et a découvert sur place une passion pour fabriquer et proposer un bon pain ; et c’est une proposition nouvelle qui verra le jour prochainement. Louis qui a la charge de la laiterie (90 vaches, ce qui représente 10 heures de traite par jour, a passionné ses copains étudiants qui se forment à l’élevage en présentant le modèle développé à Terre de sens où les propositions diverses donnent du sens et se stimulent les uns les autres. Ainsi l’expérience qui se vit à Bermeries propose un contre modèle à la sur-mécanisation qui serait inévitable avec tous les désagréments sur l’équilibre de vie. Garder un volume important de lait produit permet de développer d’autres projets ; « c’est être dans le monde des petits, tout en étant aussi du monde des grands », et pouvoir ainsi influer sur la régénération des terres, l’augmentation linéaire des kilomètres de haies qui sont nécessaires à l’Avesnois/Mormal, etc.
L’Evêque fait le lien avec le réseau Laudato Si, dynamique dans le diocèse.
Terre de sens est aussi un laboratoire pour l’avènement de plus d’intelligence collective pour que chacun se sente écouté et puisse apporter des idées. Le travail avec un professionnel en accompagnement du changement des associations a permis que progresse une gouvernance partagée et l’élaboration d’outils de communication. Cela donne une forte valeur ajoutée dans l’attention à l’humain, tout en gardant une sobriété des manières d’être et de faire. Les trois membres de la Gaec sont ainsi en train de céder la main à quatre jeunes qui ont pris le temps de vérifier leur gout pour continuer l’aventure et sa faisabilité.
Différents échanges en différents petits groupes ont permis que les participants de cette visite expriment leurs réactions, notamment sur la chance que représente ce lieu pour permettre à beaucoup d’avancer sur leur propre chemin. Un ainé témoigne d’« idées de génie chez les jeunes grâce à la gouvernance partagée ». Le scoutisme a inspiré plusieurs responsables de Terre de sens, ainsi que d’avoir pour tous été encouragé à aller « voir ailleurs » pour revenir avec une énergie renouvelée et apporter des idées expérimentées ailleurs.
Abbé Christophe Decherf